LE PÔLE TEXTILE PRÊT À EN DÉCOUDRE

Le Pôle Textile de l’Escale circulaire est un rassemblement d’acteurs et d’actrices du secteur du textile et de l’habillement. Cette initiative située au sein d’un espace transitoire dédié à l’innovation et à l’économie circulaire vise à déployer des pratiques circulaires tout en sensibilisant le public aux enjeux majeurs liés à la surconsommation textile et à la « fast fashion ». Retour sur cette expérimentation inspirante. 
Les cogestionnaires du Pôle Textile.

Les cogestionnaires du Pôle Textile. De gauche à droite : Anaëlle Nedelec,
Joséphine Joslin de Noray et Noémie Vidaud Maillette

La mode c’est pas toujours stylé 

L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. Chaque étape du cycle de vie d’un vêtement est responsable d’énormes quantités de déchets et d’émissions de gaz à effet de serre. La production massive de vêtements bon marché, caractéristique de la « fast fashion », pousse à une surconsommation effrénée. Cette surproduction et surconsommation exacerbent les problèmes environnementaux, épuisent les ressources naturelles. À titre d’exemple, il faut aujourd’hui l’équivalent de 70 douches pour produire un chandail, 285 pour un pantalon en denim! (1)

Les impacts environnementaux viennent aussi de pair avec les enjeux sociaux car les conditions de travail de cette industrie sont souvent précaires dans les pays producteurs.

Une proposition inédite et inspirante 

Confronté·e·s à de tels chiffres et à des consommateurs·ice·s plus soucieux·ses qu’auparavant de leur impact sur la planète, les jeunes professionnel·le·s du Pôle Textile questionnent leur industrie. 

Alors non, le Pôle Textile ne va pas solutionner le problème à lui seul, mais en réunissant des organismes, des créateur·ice·s et des entrepreneur·e·s engagé·e·s dans des pratiques écoresponsables, le projet démontre qu’il est possible de repenser notre manière de consommer et de produire des vêtements. 

Les ventes « pop-up » de seconde-main, les ateliers de confection et de réparation, les activités de sensibilisation, projections et les marchés de créateur·ice·s offrent des opportunités concrètes pour le public de découvrir et d’adopter des pratiques plus durables.

Un avenir encourageant pour des modèles d’affaires + durables dans le secteur du textile? 

C’est souvent à petite échelle que les solutions les plus innovantes peuvent émerger. Ici, cela a été notamment rendu possible par l’occupation transitoire d’un bâtiment de la Ville de Montréal, géré par l’organisme Entremise. Ces acteurs et actrices ont pu expérimenter leurs activités en ayant accès à des espaces abordables. Toutefois, il est souhaitable que de telles démarches puissent être pérennisées et consolidées. 

La toute récente Feuille de route en économie circulaire de Montréal vise le secteur textile comme chaîne de valeur sectorielle prioritaire pour améliorer la circularité de la Ville (2). Au-delà des déclarations, l’appui de ce type d’initiative constitue un bon moyen d’action concrète.

Il s’agit aussi d’un enjeu économique non négligeable si l’on considère qu’en 2028, le marché de la seconde-main devrait dépasser celui de la « fast fashion » (3). De quoi faire réfléchir le secteur québécois de la mode qui pèse près de 60 000 emplois et 13,7 milliards de dollars 😉 

(1) ADEME, (2017). Le revers de mon look 
(2) Ville de Montréal, (2024). Feuille de route en économie circulaire 2024-2023
(3) Thred Up, (2023). Resale Report 2023